Vous pouvez voir sur cette photo le tremplin du saut à skis ayant servi lors des jeux olympiques de Sarajevo en 1984... quand j'y suis allé en 1995, 11 ans plus tard ...tout le site olympique du mont Igman était en ruines ...bombardé et dangereux tant il y avait de mines...La mission de mon bataillon, le Batgen IFOR était justement de dépolluer le mont Igman...
Je vous ai raconté mon 14 juillet à l'Elysée...je vais vous en raconter un autre...
J'étais à Rajovac dans la banlieue de Sarajevo...
Cette fois, je n'avais pas reçu de carton d'invitation car tout ou partie du bataillon était invité à dire adieu au Chef d'Etat Major de l'Armée de Terre qui quittait l'armée active... Ses conseillers avaient organisé un petit déjeuner matinal sur le Mont Igman au dessus de Sarajevo (Ancien Site Olympique).Je connaissais la route car j'allais souvent sur le mont Igman visiter la compagnie du Génie qui était en camp là bas et qui avait pour mission la dépollution du site... (déminage).
Je vous livre ma réflexion sur ce 14 juillet particulier... faire déplacer au petit matin une grosse centaine d'hommes avec la fatigue et tous les risques que ça comporte... pour boire un café ! On aurait pu aussi bien boire ce café à la base de Rajovac ! Une, il faut acheminer tables, chaises et victuailles sur les hauteurs de Sarajevo par des chemins escarpés et dangereux.... Deux, il faut que le bataillon se lève aux aurores, s'équipe comme pour une cérémonie alors que nous sommes en opération extérieure.... Les Grands chefs parfois pensent nous faire plaisir en nous rendant visite dans nos campements mais il leur faut comprendre que pour nous les "guerriers" chaque instant de repos compte.... nous sommes soumis à diverses tensions psychologiques dues aux risques que nous prenons chaque jour dans ce métier... (rien que de passer en camion sur la "sniper avenue " de Sarajevo vous fait monter votre tension de plusieurs degrés... et quand vous avez évité le danger, la tension retombe d'un coup... Saint Exupéry écrivait "l'action délivre de la peur" ...c'est vrai nous n'avons pas peur mais il y a une tension extrême en nous ...pas la peine d'en rajouter en nous faisant aller dans des endroit dangereux pour boire un café. (FERMEZ LE BAN)
Je suis donc monté là haut avec mon véhicule blindé... on ne sait jamais si on va sauter sur une mine... ou si le sol va se dérober sous le véhicule et nous entrainer dans le précipice.... Une parenthèse ...une semaine avant la fin de notre mandat un jeune soldat de 19 ans a vu son véhicule tomber dans un ravin... j'ai assisté à la levée du corps et je peux vous dire que j'ai pleuré en silence durant toute la cérémonie....
Nous avons donc bu notre café avec notre général ... bien contents quand même de lui avoIr dit adieu...et nous sommes redescendus dans la vallée pour une prise d'armes dans notre base... Quel 14 juillet !!!
Je vais continuer à vous raconter des histoires de ma vie militaire...mais elles seront dans le désordre...au fur et à mesure de mes souvenirs...
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