La même façade avec les mêmes pierres et des corniches identiques. La maison forestière des Champs-Mentards, située à Montgobert jusqu’en juillet, va bientôt réapparaître à Longpont. Et ce, grâce à Anne-Pierre de Montesquiou et son initiative de racheter les pierres. Il y a cinq ans qu’il y pensait, indique celui qui, déjà propriétaire de la célèbre abbaye du village, propriété de sa famille depuis le début du XIXe siècle, est forcément sensible au patrimoine. « La pierre, je suis dedans depuis plus de cinquante ans », rappelle-t-il, souriant. Désireux, depuis un certain temps déjà, de construire une maison « pour mes enfants » sur un terrain qu’il possède à l’entrée de Longpont, il a préféré réutiliser ces pierres que de réaliser un pavillon de style moderne…
Ce faisant, il sauve un édifice. « Elle était promise aux bulldozers », souligne en effet Anne-Pierre de Montesquiou-Fézensac à propos de cette bâtisse initialement placée au bord de la Nationale 2 dans son tracé actuel. Les travaux d’amélioration de cet axe étant engagés, il n’était pas question de conserver cette construction. Une mobilisation s’était déjà élevée contre la possible disparition d’une autre maison forestière, celle de Maison neuve, juste en face. Il s’agissait en fait du deuxième mouvement de protestation la concernant puisque cette demeure datant du XVIIIe siècle avait déjà été menacée au début des années soixante-dix (voir notre édition du 10 octobre 2012). Cette construction mentionnée par Alexandre Dumas dans certains de ces écrits a donc été épargnée les deux fois, le tracé étant modifié. Mais pour la réalisation située en face, à droite dans le sens Soissons-Paris, rien à faire. Il faut dire qu’elle n’avait pas le même intérêt architectural ni historique. Mais pour l’habitant de Longpont, ses pierres valaient tout de même la peine. Si d’autres sont du même avis, ils pourront les revoir puisque, lorsqu’elles constitueront à nouveau des murs, ils seront visibles de la rue, à l’entrée de la commune de Longpont, en bordure des bois.
Tous les blocs numérotés
Une fois l’achat conclu, « il y a seulement quinze jours », pointe Anne-Pierre de Montesquiou (voir ci-contre), il fallait encore démonter. Et ce n’est pas du tout la même affaire qu’une démolition. « Il a fallu numéroter les pierres et prendre des photos », explique le nouveau propriétaire, précisant s’être adressé à l’entreprise La Savière, installée à Longpont, pour qui c’est sans doute une expérience inédite. D’autant qu’il a fallu faire vite.
Aujourd’hui, les centaines de pierres en question, soit plusieurs dizaines de m3 s’entassent sur le futur terrain. Reste au constructeur à mettre en œuvre son projet, à commencer par « trouver les sous ». Pour ce faire, il fera sans doute des demandes d’aides, même si c’est sans trop d’illusion. Mais la première pierre à l’édifice est déjà posée avec la sauvegarde de cette matière sans doute issue des carrières locales.
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