Voila la vue que j'avais depuis la fenêtre du bar d'Analaïda
Je reviens avec mes souvenirs de Sarajevo...le petit gars de l'école de la rue Démoustier à Villers Cotterêts se souviens...Rajovac Batgen IFOR (bataillon du Génie) ....
Rajovac est une ancienne base d'hélicoptère serbe...quand je suis arrivé le 6° REG (régiment du génie de la légion étrangère) a déjà bien travaillé sur le site... le bâtiment dans lequel nous allons logé est criblé de balles...il n'y a plus de carreaux aux fenêtres...elles ont été remplacées par des films plastiques transparents...
Je loge dans une chambre avec l'adjudant chef trésorier du 3°génie de Charleville... Un bon sous officier très sympathique...au même étage, nous avons le bar de la compagnie...donc pas besoin de prendre la route après avoir bu pour rentrer chez nous....et au bar il y a la serveuse Analaïda...très jeune, assez forte, et une joie de vivre que je n'ai jamais rencontré ailleurs...elle était "légère comme un papillon" disait la chanson et elle nous servait à boire...Analaïda était comme ses consoeurs...elle cherchait le militaire français qui la sortirait de cette guerre (j'espère qu'elle l'a trouvé) ...pendant les 5 mois que je suis resté elle n'a trouvé personne ...peut être qu'un militaire d'Angers de notre relève a succombé à son charme...il y avait beaucoup d'exotisme en elle... les petits soldats l'aimaient beaucoup...
Plusieurs filles ont pu venir en France avec des soldats de notre bataillon...nous en étions content pour elles ...
Elle me taquinait souvent en m'inventant des conquêtes ...on en riait...parfois je luis donnais des paquets de cigarettes...pour nous ils étaient détaxés...et pour elle qui les revendait dans sa rue...le prix d'un paquet lui faisait le salaire de 5 jours pour vivre...
Mais Rajovac, ce n'était pas que le bar de la compagnie... nous avons vécu des drames qu'il est difficile de raconter ici sans dévoiler de secrets militaires...la vie en opération extérieure est difficile à vivre psychologiquement...quand vous êtes en face d'un décès...vous cogitez ...peut être que votre tour sera le lendemain...c'est pour ça que le soir chez Analaïda nous ne nous privions pas de chanter et de rire...en attendant le lendemain...
Quand je suis parti pour aller à l'aéroport...heureux de rentrer chez moi...Analaïda nous attendait à la sortie du bâtiment ...un mouchoir blanc à la main...elle séchait ses larmes ...et agitait son mouchoir en signe d'adieu...
Deux ans plus tard je suis revenu pendant deux heures à Rajovac... je suis allé voir au bar de la compagnie...il avait disparu...notre batiment était un hôpital de l'armée allemande... je n'ai pas revu Analaïda...
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