J ’ai été très surpris de voir que nous étions en première ligne de cette histoire de terroristes. Cela m’a profondément marqué », explique Jérôme Sépare, un chef de cuisine âgé de 50 ans, sur le perron de sa maison à Fleury, une petite commune située près de Soissons.
Comme lui, ils sont nombreux dans le sud de l’Aisne à songer encore aux événements de la semaine dernière. Des petites communes tranquilles, avec leurs sages maisons de pierre, ont été soudainement envahies par des hommes armés et casqués. Comme un régiment engagé contre le terrorisme. C’est l’image qui revient le plus souvent.
À Corcy, Henriette Niedzielski, 85 ans, affiche un tempérament solide non dénué d’humour. Elle s’est retrouvée plongée dans l’ambiance d’un conflit. « J’ai eu peur des terroristes mais ils ne se promenaient pas », dit-elle avant de remarquer : « Pour moi, c’est un très mauvais souvenir. J’ai peur que cela ne recommence. J’espère bien que je ne verrai plus cela. »
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Des regards différents
Sur la même période, les regards peuvent être différents. Anne-Pierre de Montesquiou, un ancien ingénieur agronome, qui vit à l’abbaye de Longpont, a appris la possible présence des terroristes à proximité, par la télévision. Quand il est revenu dans sa vaste demeure, vendredi dernier, tout était calme. Un contraste avec l’agitation de la veille. « C’est tout à fait autre chose qu’un conflit. Il y a eu l’exode et nous connaissions notre ennemi lors de la Seconde Guerre mondiale. Là, ce n’est pas le cas, c’est une lutte incertaine. » Benoît Verdun, aubergiste dans la même commune, a assisté au vaste déploiement des forces de l’ordre. Il n’a éprouvé aucune frayeur. « C’est un événement dont on se souviendra à l’échelon local et national », considère-t-il.>> VIDEO. L’accès à Longpont bloqué par les policiers
Il a été interrogé par une trentaine de journalistes du monde entier et a particulièrement apprécié son dialogue avec un reporter de Radio Montréal au Canada. « Nous ne sommes pas barricadés. Nous sommes tous Charlie », a-t-il proclamé avant que son interlocuteur ne lui réponde : « Tout le Québec est Charlie. Bien des nations sont derrière vous. »
La ferme de Vertes Feuilles, près de la RN2, a servi de quartier général au GIGN. Mélanie Leroux a aussitôt quitté la maison de cette propriété jeudi après-midi. Elle n’a pas voulu que ses quatre enfants soient impressionnés par l’arsenal déployé. « Cela va rester une grande date de ma vie. J’ai été soulagée de l’issue de cette histoire mais je suis assez inquiète. D’autres crises peuvent survenir. »
http://www.lunion.com/region/dans-l-aisne-les-habitants-sont-marques-par-la-traque-ia0b0n471205
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