samedi 16 juin 2018

"La petite martyre de l’A10" : 31 ans après, elle a un prénom et un nom

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Elle s’appelait Inass Touloub. Les enquêteurs ont résolu l’énigme du corps martyrisé d'une fillette de quatre ans découvert en 1987 au bord de l'autoroute A10. Après leur placement en garde à vue mardi, les parents ont été mis en examen jeudi pour meurtre, recel de cadavre, violences habituelles sur mineur de moins de 15 ans. Le père, Ahmed Touloub, 66 ans, a été écroué, et la mère, Halima, 64 ans, comparaissait encore jeudi en début de soirée devant le juge des libertés et de la détention.
Des perquisitions dans l'Aisne et en Seine-Saint-Denis ont été réalisées au moment des interpellations. "L'évolution de l'enquête a été longue" mais "le temps n'a jamais joué contre nous" et les enquêteurs ont toujours pensé que l'affaire serait élucidée, a observé le procureur de la République de Blois, Frédéric Chevallier. Une ordonnance de non-lieu avait auparavant été rendue en octobre 1997, après des recherches infructueuses, laissant cette affaire non résolue.

Le corps de la "petite martyre de l’A10" retrouvé en 1987

Le 11 août 1987, le corps de la "petite martyre de l'A10" - une petite fille âgée de moins de 5 ans - est retrouvé dans un fossé de l'autoroute A10 à Suèvres (Loir-et-Cher) par deux employés de la société Cofiroute. A l’époque, la gendarmerie lance la plus grande diffusion judiciaire jamais entreprise en France. Près de 65.000 écoles sont visitées à la rentrée scolaire et 6.000 médecins ou assistantes maternelles rencontrés pour essayer de donner un nom à la jeune victime. En vain
Son signalement avait également été diffusé dans plus de 30 pays et sa photographie placardée dans tous les endroits publics : elle mesurait 0,95 mètre, avait les cheveux bruns bouclés et les yeux marron foncé.
Le cadavre mutilé de la fillette portait des traces de brûlures dues à un fer à repasser et des cicatrices dues à des morsures humaines, sans doute d'une femme, selon les médecins légistes. Le juge d'instruction de Blois, chargé à l'époque du dossier, avait estimé qu'il s'agissait "pratiquement d'un cas d'anthropophagie avec prélèvement de chair".
Inass avait été enterrée anonymement au cimetière de Suèvres (Loir-et-Cher) près du lieu de la découverte du corps. Sur la tombe, régulièrement fleurie par les habitants de la commune, est gravée une simple inscription : "Ici repose un ange".

L’ADN du frère a permis de remonter la piste

Les enquêteurs sont remontés jusqu'aux parents - aujourd’hui séparé - de la petite Inass, grâce à un prélèvement ADN opéré sur son frère, arrêté en 2016 dans une affaire de violence. Après comparaison avec le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), une correspondance a été révélée avec des traces ADN sur les vêtements et la couverture dans laquelle était enveloppé le corps de l'enfant lors de sa découverte.
Grâce à l'ADN du frère, les enquêteurs ont pu ainsi identifier et retrouver la trace des parents, un couple de sexagénaires, originaires du Maroc et qui ont eu sept enfants. Les enquêteurs ont notamment recoupé les données de la caisse d'allocations familiales pour déterminer qu'un enfant du couple n'était plus recensé.
Inass, qui était née en juillet 1983 à Casablanca (Maroc), était la troisième de la fratrie. Selon Europe 1, elle avait deux soeurs aînées, nées en 1978 et en 1981. La plus grande, qui avait neuf ans au moment des faits, a été entendue par les gendarmes mais explique ne se souvenir de rien, d’après la radio. "Elle a pleuré" lors de son audition, a toutefois précisé le procureur. Les trois autres enfants du couple sont nés en 1986, 1987 et 1991.

Le père est "soulagé", la mère dit n'y être "pour rien"

Pour l'instant, aucun des parents "ne reconnaît être l'auteur des violences" qui ont entraîné la mort d'Inass. Mais chacun a dit avoir été victime des violences de son conjoint, a précisé le procureur. "Le père se dit 'soulagé'" par les dernières découvertes des enquêteurs, mais la mère "dit qu'elle n'y est 'pour rien' et ne pas comprendre pourquoi elle est convoquée", a indiqué Frédéric Chevallier. Toutefois, ses déclarations "ont évolué", a-t-il ajouté.
Toujours selon le procureur, le père dit avoir trouvé la petite fille morte, après une chute dans des escaliers. Il a expliqué aux enquêteurs que c'est en se dirigeant vers le Maroc, avec leurs enfants à bord, y compris la fillette décédée, qu'ils ont abandonné son corps le long de l'A10.

Des zones d’ombre : pourquoi est-elle morte? Qui savait?

Il restera aux enquêteurs plusieurs zones d’ombre  à éclaircir. Parmi les questions qui se posent encore aujourd’hui :
  • Comment est morte la fillette en cet été 1987?
  • Quel a été le rôle des parents dans ce décès?
  • Pourquoi personne ne l’a reconnue à l’époque?
  • Pourquoi sa famille n’a pas réagi?
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