lundi 29 janvier 2018

Dans les coulisses de la traque des Kouachi

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Intervention pour prêter main-forte au GIGN qui est déployé dans l’Aisne, près de Villers-Cotterêts
Patron du Raid entre 2013 et 2017, Jean-Michel Fauvergue a écrit un livre où il évoque notamment la traque des frères Kouachi dans la Marne, l’Aisne et les Ardennes après l’attentat contre Charlie Hebdo.

Jamais un chef du Raid n’aura dû faire face à autant d’attaques terroristes en quatre ans. À Jean-Michel Fauvergue, patron de cette unité d’élite de la police de 2013 à 2017, l’idée est venue d’en faire un livre. Pas tant pour parler de son parcours que de « ses » hommes. «  Je voulais apporter un aspect humain à tous ces événements, confie l’ancien policier. Je voulais montrer la vie de l’intérieur. Montrer que derrière les cagoules et les casques il y avait des hommes, des femmes, des familles exceptionnels.  »


Son livre permet aussi, et surtout, de revenir sur ces événements qui ont marqué à jamais les Français, à commencer par l’attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. La traque des frères Kouachi emmènera ses hommes dans la Marne, les Ardennes et l’Aisne, avec une médiatisation qui, trois ans après, laisse encore perplexe l’ancien patron du Raid.







« Il y avait peut-être 200 journalistes à Reims. On se croyait au départ d’une étape du Tour de France ! »



Nous sommes en milieu d’après-midi, ce 7 janvier 2015, quand Jean-Michel Fauvergue reçoit un coup de fil du directeur général de la police nationale. L’ordre est donné d’envoyer des hommes à Reims et Charleville-Mézières, où les fuyards ont des attaches familiales. «  Nous filons à Reims avec deux colonnes du Raid tandis que mon premier adjoint part à Charleville où une colonne de l’antenne du Raid de Lille doit le rejoindre. À un moment, j’aperçois, dans les rétroviseurs, deux motos qui nous suivent. J’espère que ce sont des motos taxis, mais l’un des passagers nous filme ! Je me dis que ce n’est pas possible. On a massacré leurs collègues à Charlie Hebdo, on a besoin d’une certaine discrétion pour essayer d’arrêter les auteurs de ce massacre et eux, ils sont en train de nous filmer ! On les a bloqués au péage. Quand on arrive à Reims, deux journalistes d’une chaîne de télévision nationale sont là. Nos collègues qui font route vers Charleville-Mézières sont plus tranquilles. »


Jean-Michel Fauvergue se dirige alors vers la caserne des CRS de Reims, où une partie de ses hommes est installée. «  Je pensais que cela allait être plus cool mais en arrivant devant, il y avait peut-être 200 journalistes. On se croyait au départ d’une étape du Tour de France ! Je n’avais jamais vu ça.  » Le patron du Raid sort alors à la rencontre des médias pour leur expliquer la dangerosité de l’intervention : soit il n’y a personne dans les logements visés et tout se passe bien, soit les Kouachi sont là, prêts à combattre, et alors tout peut arriver. Malgré les tentatives de mettre à l’écart les reporters, les hommes du Raid se retrouvent avec des journalistes à quelques mètres seulement derrière eux. «  Il n’y avait aucun terroriste armé dans les appartements. Une chance, car tout cela aurait pu très mal tourner…  » À Charleville-Mézières, le Raid intervient plus tranquillement.


« À un moment, cela aurait pu très mal tourner »



L’opération terminée, tout le monde rentre à Paris. Le lendemain matin, Jean-Marie Fauvergue comprend, lors du débriefing avec son patron, que la présence des médias la veille, à Reims, n’a pas du tout été appréciée par le ministre de l’Intérieur. Bernard Cazeneuve recadre tous les hauts responsables de la police et de la gendarmerie pour éviter de nouvelles fuites.


Ce 8 janvier, le Raid est à nouveau sollicité pour, cette fois, prêter main-forte au GIGN qui est déployé dans l’Aisne, près de Villers-Cotterêts, où les terroristes ont été repérés après avoir braqué une station-service. «  On se répartit les zones. Nous ratissons les sous-bois, fouillons quelques maisons suspectes. Là encore, nous tombons sur des dizaines de journalistes. À un moment, cela aurait pu même très mal tourner car, dans la nuit, on nous signale une voiture correspondant à celle des Kouachi. À son bord, deux hommes. On y voit mal. Les passagers ne bougent pas… nous les braquons avec nos armes. Ce n’étaient pas les terroristes mais deux jeunes journalistes… C’est totalement irresponsable car cela leur faisait prendre des risques et nous, cela nous a fait perdre un temps précieux !  » Le lendemain, une colonne du Raid, restée dormir dans un hôtel de Soissons, est à nouveau mobilisée. Les frères Kouachi sont en effet sortis des bois. Les différents barrages les poussent à se retrancher dans l’imprimerie de Dammartin-en-Goële.


La suite, on la connaît. C’est l’assaut du Raid à Vincennes qui permet de libérer les 26 otages de l’Hyper Cacher tandis que les Kouachi sont abattus alors qu’ils sortaient de l’imprimerie pour « affronter » les forces de l’ordre.
Dans les coulisses de la traque des Kouachihttp://www.aisnenouvelle.fr/65284/article/2018-01-28/dans-les-coulisses-de-la-traque-des-kouachi

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